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Déflagration de papier #extrait 8 Une anonyme au bout du fil

Et soudain, sans crier gare, une simple lettre va faire exploser sa bulle d’insouciance.

Comme une grenade d ‘à peine 30g, qu’elle va dégoupiller elle-même, à son insu et faire dérailler sa mélodie enfantine. Un samedi de décembre, quelques jours après son douzième anniversaire, sa mère, lui dit, sans rentrer dans le détail, attendre un courrier important en provenance d’Angers.

Ils ont quoi les deux, avec Angers, là ? Bizarre cette histoire…s’interroge t’elle

Juliette n’a pas cours mais France a des consultations à assurer. Elle la laisse donc s’occuper de sa petite sœur à la maison en lui recommandant de téléphoner en cas de besoin. Noël n’est pas là ce matin-là.

Vers 11h, elle trouve dans la liasse de lettres déposée par la factrice une enveloppe dactylographiée et portant le cachet d’une entreprise à Angers. Comme par hasard ! Les mains de Juliette tremblent quand elle prend le pli, comme si elle redoutait qu’il ne contienne une substance toxique, qui lui brûlerait la pulpe des doigts à travers le fin papier.

Elle regarde le cachet, Angers, comme une intruse d’encre dans son quotidien.

Pour elle, jusqu’alors, c’était seulement l’histoire de Noel, un nom de ville prononcée parmi tant d’autres, comme on parlerait de Vérone, Paris, Vichy, Clermont ou Marseille…

Pourquoi sa mère avait-elle des contacts avec Angers ?

Sa petite sœur est devant la télé et ne prête aucune attention à Juliette, elles sont seules. Un instant, elle envisage d’ouvrir l’enveloppe, juste pour savoir puis de faire disparaître ce bout de papier sans le donner à sa mère. Mais France semble détenir un pouvoir magique lui permettant de lire le mensonge dans les yeux de sa fille.

Elle se ferait pincer, d’une manière ou d’une autre. Ou alors, elle pourrait remettre la liasse dans la boite aux lettres pour avoir encore un peu de temps, peut-être tout le Week- end pour faire comme si elle ne ressentait pas une menace ridicule face à ce pli impersonnel. Mais elle sent en son for intérieur qu’il est trop tard pour jouer la candeur, une peur diffuse s’est insinuée dans chacune de ses veines.

Alors, elle se résigne à téléphoner à sa mère en priant intérieurement pour qu’elle soit occupée avec un patient.

Prologue #extrait 1 Une anonyme au bout du fil

Dans le monde, chaque jour, plus de 380.000 bébés poussent leur premier cri,
quelque part…
On dit que rien n’est le fruit du hasard, que chacun de nous, chacune de nos âmes
choisit ses parents, son chemin de vie, ses handicaps et que nous avons tous un but
sur cette terre.


On dit aussi que nous savons tout, absolument tout des secrets et des mystères de
l’univers mais aussi de nos vies passées et de ce qui nous attend en ce monde… mais
que, juste avant que l’on se décide à sortir de notre berceau aquatique, bercé par les
battements de cœur de notre génitrice, un ange descend poser son doigt juste au- dessus de notre bouche pour nous condamner au silence et à l’oubli…

« chut ! Ne dis rien, oublie ce que tu sais… »

On commence donc notre vie ici-bas, amnésique et avec un bandeau invisible sur les
yeux, comme pris dans un gigantesque jeu de colin-maillard, avec pour mission de
faire mieux que dans notre vie précédente, chargés des bagages parfois lourds de
notre âme et ceux de notre lignée.
C’est ainsi qu’il y a quelques décennies, quelque part autour du globe, est née une
toute petite fille aux yeux ronds et noirs comme le jais, un jour d’automne qui
ressemblait à un matin d’hiver auvergnat.

Une toute petite Juliette qui semblait un peu pressée de se confronter au monde,
avec un mois et demi d’avance selon les pronostics des médecins, sans doute
impatiente de vivre cette vie toute neuve, pour réparer, progresser.


Nue comme un ver, amnésique, vulnérable comme seul sait l’être un nourrisson et
investie d’une mission qu’elle a totalement oubliée…
Mais que diable est-elle venue faire dans cette galère ?