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Foutus noeuds karmiques #extrait 5 L’anonyme intime

Ma vie n’est qu’un combat qui n’en finit jamais et j’ai l’habitude d’enfiler mes gants pour sauter sur le ring, mais dernièrement, je suis confrontée à des combats dont j’ignore toutes les règles, comme un boxeur avec un bandeau sur les yeux ou dans un jeu de Colin Maillard nouvelle génération, je prends des coups sans pouvoir les anticiper, j’encaisse, titube, sautille sur place en attendant de pouvoir rendre les uppercuts.  

J’ai l’impression de vivre sur des sables mouvants, en colocation avec Dr Jekyll, et même si j’ai peur de lui, je n’ai pas d’autre choix pour le moment que d’agir avec froideur et détermination. S’il découvre mon jeu, il me tuera peut-être. 

“Si je ne t’ai pas, personne ne t’aura” – j’entends encore cette phrase qui résonne comme un avertissement ou pire : un présage. Alors, malgré le besoin de plus en plus pressant de m’enfuir avec ma fille, je joue aux échecs contre le calendrier en attendant ma carte “sortie de prison”.  

Toujours en alerte, mon esprit jamais ne cesse de détricoter les souvenirs, de remonter le fil de ma vie, de mes choix, de mes erreurs et de dresser la liste mentale des gens qui seraient susceptibles de souhaiter ma perte, au point de vouloir se venger, au point de devenir “l’ombre inconnue” qui nous harcèle du matin au soir. Comme si l’implosion de la famille que nous avions construite n’était pas suffisante. Le sommeil me fuit et pour la première fois de toute mon existence, puisque je suis, pour l’heure, contrainte à une inaction forcée j’ai regardé le passé droit dans les yeux et j’ai réalisé qu’en partant si jeune de chez mes parents, dans une fuite en avant qui n’en finit jamais, j’avais tenté d’échapper, aveuglement, à cette malédiction qui poursuit les femmes de ma famille condamnant tous les mariages à l’échec et aux larmes maquillées.  

Jusqu’à présent, depuis l’adolescence et ce jour maudit où ma vie avait basculé dans cette chambre d’hôtel sordide, mon existence n’avait été que violence et désillusions, en particulier avec les hommes.  

J’avais cru mourir parfois, me noyer souvent, me raccrochant chaque fois à un fil de plus en plus élimé, avant de comprendre que je reproduisais, sans même m’en apercevoir, les schémas délétères que ma famille traine de génération en génération.  

Lors d’une de ces nuits où l’on n’y voit comme en plein jour, il m’était apparu que si je voulais m’en sortir, il me fallait trancher dans le vif, pour ne plus jamais subir et pour que Fleur n’hérite pas à son tour de ce lourd fardeau transgénérationnel.  

“Bravo Juliette, joli cadeau que tu lui as fait à ta fille”  

Chaque fois que je plonge mes yeux dans ceux de ma toute petite fille je lui demande pardon, d’âme à âme, le cœur en miettes. Pardon d’avoir échoué dans ma vaine quête d’une famille unie, comme on en voit dans les films. Pardon de l’avoir fait venir au monde dans cet enfer domestique. Et, surtout, pardon, pour tout ce que nous apprêtons à traverser ensemble et dont je ne concevais pas encore l’étendue des dégâts.  

Mais pour le moment, je m’efforce de maintenir le cap, me concentre sur la ligne d’horizon que j’essaie surtout de ne jamais quitter des yeux, imagine un avenir serein et doux pour nous deux, loin de William et son ambivalence effrayante, enfin libérées de notre harceleur tapi dans l’ombre et je me contente de baisser la tête pour foncer à travers la tempête, en me disant ça ira mieux demain ou peut-être après-demain”. 

Parce qu’aujourd’hui, les nœuds karmiques devront attendre. 

Moi, Juliette #extrait 1 L’anonyme intime

Je ne sais précisément à quel moment, ma vie s’est mise à dérailler…je ne pourrais définir à quel instant la magie de l’enfance s’est envolée… 

Était-ce dans cette chambre miteuse, lorsque, pendant cet été adolescent, on m’avait fait la haine et assassiné mon enfant intérieur ou alors était-ce bien avant ? 

J’avais cru mourir souvent, m’étais relevée pourtant, j’avais réussi à reconstruire ma vie, réappris à faire confiance. J’avais offert l’amour qu’il me restait, donné la vie à une petite fée et puiser toute ma force pour combattre mes démons les uns après les autres mais… 

Alors que je me suis mariée il y a seulement quelques mois, tout dérape à nouveau. L’homme que j’ai épousé me dévoile le pire alors que je rêvais du meilleur sans compter cette ombre menaçante qui rôde autour de nous, sans que je ne sache comment la contrer. 

Depuis des semaines, je suis harcelée de messages anonymes, effrayants de précision sur ce qui fait ma vie, actuelle et passée. 

La violence a décidé de prendre sa revanche et s’infiltre à l’intérieur et à l’extérieur de mes murs. 

Je vais devoir la débusquer et reprendre ma vie en main pour ne surtout pas laisser gagner la noirceur. 

Les trois épées #extrait 26 Une anonyme au bout du fil

Ils sont tous les trois en caleçon et Juliette, à quinze ans, n’a pas l’habitude de voir des garçons si peu habillés.Elle a l’impression d’être une intruse, ne se sent pas à sa place.

Pourtant, elle s’assoit sur le lit en tirant sur le bas de sa robe.

Les garçons échangent un regard puis comme si Greg avait lancé un ordre silencieux, Jules et Florian se lèvent, quittent la chambre et ferment la porte. Une vieille porte en bois, avec une serrure à l’ancienne.

Greg lui prend la main et l’allonge à côté d’elle. Il l’embrasse dans le cou et descend de plus en plus vers sa poitrine. D’abord enivrant, l’insistance de ce baiser la fait rapidement se raidir, elle réajuste sa robe pour l’empêcher de dévoiler son soutien-gorge. De sa main gauche, il remonte le long de ses cuisses tout en continuant de plaquer sa bouche contre son corps, Juliette se crispe, et lui demande d’arrêter.

Pendant qu’il continue à faire semblant de ne pas entendre, elle perçoit par-dessus les bruits de bouche de Greg, un bruissement derrière la porte et voit un iris marron la fixer à travers la serrure, orpheline de clef. Quelqu’un est en train de les observer !

Elle se relève d’un bond, repousse violemment Grégory et va pour sortir. Mais soudain, la porte s’ouvre, les deux autres s’engouffrent dans la chambre, et ferme à l’aide d’un antique trousseau apparu comme par magie.

Juliette essaye de les esquiver et de passer derrière eux mais Julien l’attrape par le bras et la jette sur le lit, en la faisant pivoter, comme une pauvre poupée.Elle hurle, Grégory la gifle à toute volée.

Sonnée, elle retombe sur le lit, tente de se relever mais un bras de titan la retourne sur le ventre et la maintient ainsi en appuyant sur son dos, au creux de ses reins.Une autre main qu’elle n’identifie pas, plaque sa nuque contre le matelas, l’empêchant presque de respirer. D’autres mains encore, comme sortantes d’un monstre aux multiples bras lui enserrent les chevilles.

Elle est immobilisée, ses cris désespérés s’étouffant, en vain dans les draps.

Elle sent le goût alcalin de ses larmes dans la bouche et entend ses propres suppliques assourdies par le textile qui entrave son visage. Brusquement, on lui arrache sa petite culotte.

Elle essaie de tortiller son corps pour échapper à l’emprise, on lui répond par des rires.

Soudain, une déchirure dans ses entrailles, comme une épée qui pénètre et fouille son intimité dans un va et vient d’une violence si inouïe qu’elle lutte pour ne pas s’évanouir, 

Au moins rester consciente…Ne pas céder.

Il y aura trois épées, à tour de rôle.

Cendrillon et la chambre miteuse #extrait 25 Une anonyme au bout du fil

Il a dix-huit ans, vient de région parisienne pour faire du surf, conduit une moto, arbore un immense tatouage tribal sur le bras et est très mignon dans son genre.

Genre surfeur, blond, les cheveux mi-longs, très musclé, l’air sûr de lui et un sourire hollywoodien.

Les deux autres sont un peu plus jeunes, encore mineurs, et beaucoup plus insignifiants : Jules et Florian.

Delphine semble elle aussi, sous le charme de Greg.

A priori, il doit savoir qu’il exerce un certain pouvoir de séduction auprès de la gente féminine.

Il émane de lui, une aura d’insolente confiance et de sex-appeal mêlés.

Tous les cinq passent du temps ensemble, jusqu’au soir où, Greg, glisse sa main dans celle de Juliette et l’emmène sur la Grand Plage, plantant les quatre autres sur place.

Juliette est fascinée par la simplicité sans-gêne de ce type qui suit ses envies sans se soucier de ce que les autres pourraient en penser.

Derrière des rochers, il l’embrasse comme jamais personne auparavant, comme un homme et plus comme un garçon.

Quand elle sent ses mains se faufiler sous sa jupe et son corps devenir pressant contre le sien, elle a peur du désir qu’elle sent gonfler.

La nuit noire les entoure, une angoisse diffuse s’insinue, elle le repousse et prétend devoir rentrer.

Il passe la main dans ses cheveux mi-longs pour les recoiffer, sourit et lui dit :

─ Ok, Cendrillon, passe me chercher à l ‘hôtel demain matin, on ira se balader

Juliette s’éclipse, fait le chemin de retour seule, s’arrête un instant sous un porche pour réajuster sa jupe et vérifie ses cheveux dans un rétroviseur.

Elle rentre, dit quelques mots à ses parents et rejoint Fanny endormie dans la chambre qu’elles partagent.

Elle est troublée par sa soirée et peine à s’endormir, se sentant comme un papillon à la lumière d’un réverbère, attiré presque malgré lui par la lumière.

Le matin assez tôt, elle se lève, se prépare, enfile une robe noire à fleurs et une chemise violette irisée, puis prend un petit déj’ rapide, vérifie la pendule et alors que ses parents et sa petite sœur partent au marché elle regarde par-dessus les murs du jardin si le volet de la chambre de Delphine est levé.

Elle aimerait la voir pour lui raconter l’épisode avec Greg mais sa copine semble encore dormir, alors, Juliette décide d’aller le chercher à son hôtel.

La chambre qu’ils louent tous les trois, est située au rez-de-chaussée surélevé au-dessus d’un bar.

Elle grimpe la volée de marche qu’elle connaît pour l’avoir déjà empruntée.

Elle s’arrête un instant pour écouter les bruits qui sortent de la chambre, les garçons sont réveillés, la porte est entre-ouverte, ils semblent parler d’une fille mais Juliette n’entend pas tout.

Elle toque, attend qu’on lui dise d’entrer, pousse la porte et sourit, hésitante.

Grégory est allongé sur son lit.

La chambre comporte deux lits jumeaux tout simples et un lit double avec un cadre en bois.

Les garçons se taisent quand il lui fait signe de rentrer et de s’asseoir près de lui.

D’un coup, cette scène lui paraît étrange et la met très mal à l’aise.

L’accalmie avortée #extrait 24 Une anonyme au bout du fil

Pendant une poignée de semaines d’accalmie, la pression du Brevet tombée, Juliette profite de sa bande de copines pendant que Fanny est au centre de loisirs et que ses parents travaillent.

 Elle est tranquille, sereine, aimerait que cette période d’insouciance ne cesse jamais.

Pas de nouvelles de François et plutôt se décolorer les cheveux que prendre le risque de le rappeler.

Par principe, elle boude Isabelle, qui l’a vendue.               

Même si elle sait bien sûr que c’était pour son bien, elle ne digère pas que sa copine ait cédé de la sorte aux injonctions parentales.

Elle appréhende déjà le mois d’août qui annonce les vacances familiales dans le Pays basque.

Avec eux, règne un climat de fausseté résignée qui glace l’atmosphère.

Les repas de famille sont indigestes, malgré les babillages futiles qui dissimulent si mal le malaise ambiant.

Ils n’ont jamais reparlé de la fugue, après ce fameux week-end.

Comme si…il fallait faire comme si rien ne s’était passé, comme on évite une flaque au sol au pied qui pourrait tâcher leurs chaussures éclabousser leurs pieds.

Plus tard, pourtant, elle repensera à ces quelques jours avec une nostalgie colorée, comme étant les tous derniers avant que toute sa vie ne bascule dans l’obscurité.

Mi-août, ils s’installent donc tous les quatre pour une quinzaine de jours, dans une maison louée à Biarritz en plein centre-ville.

Juliette fuit le plus possible la compagnie de ses parents, toujours flanqués de la petite Fanny.

Elle sympathise avec une certaine Delphine en vacances elle aussi, logeant dans un immeuble tout proche.

Elles discutent, se promènent, vont se baigner à la plage la plupart du temps.

Un matin, alors qu’elles sont à la piscine en train de rire aux éclats de se voir ridicules avec leurs bonnets de bains, un groupe de trois garçons les abordent et les draguent un peu.

Juliette, bien que réticente au départ, se laisse troublée par le plus âgé d’entre eux, Grégory.