Elle rentre comme un prisonnier qui vient de rater son évasion, avec un mitard quand même beaucoup plus agréable, dans la demeure bourgeoise de ses parents, maison qu’elle ne considérera jamais comme son foyer à elle, puisqu’elle n’s’y sent pas chez elle.
Chez elle c’était ailleurs, c’était avant.
Plus tard, elle a droit aux reproches de ses parents, aux yeux mouillés de France, à la culpabilisation, à un prêche sur son ingratitude et même à un petit tour au commissariat pour confirmer qu’il n’y avait plus lieu de la chercher avec un petit sermon d’un flic en uniforme, en prime.
Ben voyons !
Juliette ne dit rien et hoche simplement la tête comme un pantin sous Xanax, pour leur faire croire à tous qu’elle se repent.
En réalité, elle veut juste se laver, dormir et que cesse ce week-end cauchemardesque.
En se disant que lundi, elle éteindrait la flammèche qui avait mis ce feu aux poudres et que tout finirait par rentrer dans l’ordre.
Après tout, c’est juste un problème de moyenne de chimie…
Le lundi matin première heure, dans le bureau du principal…
Juliette explique le problème, des vérifications sont faites, elle a raison, il y a eu inversion des moyennes, avec un vrai blaireau.
─ On est vraiment désolés, mortifiés, ça n’arrive jamais !!!
Blablabla…
Putain de Karma.
Évidemment, elle passe en seconde, le principal s’excuse, pas ses parents.
Dans quelques semaines, elle doit passer le brevet.
Et ce n’est pas gagné, ils pensent tous sans l’exprimer à haute voix qu’elle n’aura pas l’examen.
─ Beaucoup de points à rattraper Juliette…
Alors, avec toute l’énergie déployée par un esprit de contradiction surdéveloppé, elle décide de faire mentir leurs sourires consensuels, non pas pour les contenter eux, mais pour qu’ils regrettent d’avoir douté d’elle et effacer ce cynisme mielleux de leurs traits.
Pendant trois semaines, elle va bosser d’arrache-pied, revoir tout le programme qu’elle a passé l’année à vaguement survoler.
Elle aura son brevet, épuisée.
Toute une journée à guetter les résultats sur écran, dans le bureau de Noël. Rien.
N’y tenant plus, elle se rend au collège pour attendre l’affichage dans la cour…
Juliette RICHARD ; ADMISE
Elle rentre à la maison, s’attendant naïvement à un moment de gloire mais ne voit sur le visage de ses parents que le voile de l’incertitude et du doute.
Elle les imagine déjà monter en douce pour vérifier par eux-mêmes puisqu’ils ne semblent pas la croire capable d’avoir réussi son examen.
Pas d’excuses, pas de fierté mais une sorte d’instant figé, on l’on fait tous semblant d’être heureux.
A cet instant, le cœur de Juliette est comme un morceau de soie, froissé, déjà malmené que l’on déchire au ralenti.
Partir d’ici au plus vite, comme un mantra.
Comme s’il n’y avait déjà plus rien à sauver entre eux.
Elle avait tellement raison…
Une réflexion sur « L’évasion ratée #extrait 23 Une anonyme au bout du fil »