France décroche au bout d’une sonnerie, tout de suite, Juliette sent l’impatience presque agacée dans la voix de sa mère à l’autre bout du fil. Le combiné coincé dans le cou, elle ouvre de ses mains tremblantes l’enveloppe et en lit le contenu à voix hésitante. Incrédule, Juliette n’a pas le temps de réaliser ce qu’elle vient d’annoncer malgré elle ; mais l’exclamation puis les quelques mots de France lui glace le sang : elles partent !
─ QUOIII ??? mais Maman, attends, je ne comprends pas là !!!
Une sonnerie stridente résonne de l’autre côté ;
─ on en parle tout à l’heure, chérie, c’est ma dernière Consult’
Et elle raccroche…précipitamment. Le monde de Juliette chancelle et sa mère vient de lui raccrocher au pif…Elle se sent toute petite.
Du fond de sa bulle d’insouciance, elle n’avait rien vu venir…
France a décidé de quitter son Auvergne natale pour suivre son mari Noel parti depuis plusieurs mois à Angers, sans même en parler à personne. Elle avait déposé sa candidature dans un organisme de formation, peut-être même plusieurs, en cachette, sans l’ébruiter. Juliette fouille dans sa mémoire pour tenter d’y trouver des indices, comme pour pouvoir se reprocher de ne pas avoir vu ; elle n’y trouve rien…
Le résultat se trouvait pourtant devant ses yeux, elle qui pensait ses parents au bord du divorce se retrouvait subitement à devoir quitter tous ses repères pour changer de vie à 600 Kms en trois semaines. Partir dans une ville totalement inconnue, loin des leurs, ça voulait dire quitter sa maison, sa campagne enchantée, ses proches aussi ; ses deux grand-mères, ses tantes, ses cousines (il n’y a pas beaucoup d’hommes qui tiennent le coup dans cette famille).
Et puis, surtout, il y a Flo.
Elle tourne la tête et regarde sa petite sœur, Fanny, en train de regarder les dessins animés à la télé. Tout doucement elle reprend le contrôle de ses jambes et grimpe dans le bureau de son père, en ferme la porte et compose un numéro connu sur le bout des doigts.
Juste une lettre qui vient de faire voler son univers en éclats
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