Il y a un peu plus d’un an, lorsque j’ai commencé à écrire ce qui est aujourd’hui devenu mon premier roman, j’avais pris la décision de ne pas en parler à mes « proches », pour garder intacte ma liberté de ton.
C’est vrai que l’histoire que je raconte est loin d’être une « bluette » sentimentale, un roman à l’eau de rose.
je n’ai rien contre ce type de littérature, ce n’est pas le sujet, mais j’avais ce besoin de témoigner de certains « maux » auxquels sont confrontées hélas, des dizaines de milliers de personnes tous les ans…
(on ne va pas se mentir, la quasi majorité sont des femmes, mais la violence n’a pas de genre et les hommes sont aussi touchés)
En espérant ne pas tomber dans le mélo, le pathos, mais au contraire, pour tenter d’insuffler à mon modeste niveau, espoir et force vitale à mes lecteurs ou lectrices qui se retrouveraient, un peu, dans le parcours de mon héroine de papier.
Parce que notre société juge, stigmatise en permanence, elles se sentent coupables des actes dont elles sont victimes, se taisent ou bafouillent, maquillent les faits, les minimisent, les gardent nichés contre leurs seins comme un secret honteux, quitte à en mourir, parfois.
J’ai voulu leur dire, qu’elles n’étaient pas seules, qu’il n’est jamais trop tard pour briser le silence, tant pis s’il y a des vagues, tant pis si ça tague autour…
Durant tout le processus d’écriture, seules quelques amies proches étaient dans la confidence, pour me donner de la force, pour éponger les émotions aussi, quand elles devenaient tsunamis.
Je ne me suis jamais demandé vraiment ce que je ressentirai si ce roman était édité, parce que je pense qu’au fond de moi, je ne croyais pas vraiment qu’il sortirait de mon ordinateur…
Mais les planètes se sont alignées et « Une anonyme au bout du fil » a pris son envol, beaucoup plus vite que je ne l’aurais ne serait-ce qu’espérer…
Et en réalité, lorsque j’ai reçu l’appel de mon éditeur qui m’annonçait l’envoi imminent des premiers exemplaires, j’ai totalement paniqué.
Je n’arrivais plus à respirer correctement, j’avais envie de vomir, j’étouffais.
ça a duré plusieurs jours, plusieurs nuits sans sommeil, à essayer de ne pas perdre pied.
Après l’euphorie, bien trop courte, des derniers mots apposés, cette angoisse que je n’avais pas anticipée, me mettait sans dessus-dessous, je m’y noyais.
Lorsqu’au bord de l’implosion, j’ai reçu les photos et vidéos de mon roman arrivé à bon port dans les premières boites aux lettres, l’étau autour de mon plexus s’est relâché, parce que je prenais conscience que je ne pouvais plus revenir en arrière.
Ce livre allait être lu, quoique je fasse, alors autant assumer, face à moi surtout, face aux autres aussi.
Et chacun des retours que j’ai de mes lecteurs est un cadeau…un baume au coeur.
Ce livre m’a changé, m’a apaisé et surtout m’a montré que si j’avais eu la force d’aller au bout et de conter cette histoire à des inconnus, j’avais probablement celle de la confier à ceux qui partagent ma vie « réelle ».
Et c’est là, que ça se corse un peu!
J’ai très récemment dévoilé l’existence de ce roman à quelques membres de ma famille, non pas pour m’enorgueillir de quoi que ce soit, mais simplement pour déposer entre leurs mains, des clefs de compréhension de celle que j’étais, de celle que je suis devenue.
Pour leur ouvrir les yeux sur un pan de ma vie que j’ai cachée pendant de très nombreuses années et qui faisait de moi, par la force des choses, une écorchée.
Et certaines réactions m’ont ébouillantées.
J’ai entendu des reproches, limpides ou dissimulés d’avoir osé dire, d’avoir dévoilée cette face sombre.
Certains ne perçoivent pas la poussière d’espoir que j’ai voulu parsemer, se focalisant seulement sur ce que ça change pour eux…comme si ça changeait quelque chose…
Ils ne le voient pas comme une force ou un courage mais me renvoient une nouvelle fois, la sensation de salissure et rouvrent, sans même s’en émouvoir, des plaies à peine cicatrisées.
Ce matin, j’ai le coeur gros, parce que Juliette au fond de moi, me serine que j’aurais mieux de me taire…
Crois bien cher lecteur, que je préférerai me réfugier dans ma colère chérie, cette béquille empoisonnée qui m’a soutenue tant d’années.
Mais cette colère s’est envolée; je n’en sens plus la morsure singulièrement rassurante.
Il ne reste que la déception de celle qui se sent jugée, accusée de remuer une part de boue que l’on préférait ignorer.
Mais tu vois, tant pis si mes proches ne réagissent pas forcément comme j’aurais aimé, je continuerai à écrire quoiqu’il arrive, je pense juste que je ne leur en parlerai plus…
C’est dommage bien sûr, mais ça me démontre si je doutais encore, que la société n’a pas vraiment changée et qu’il reste encore du pain sur la planche des modestes plumes pour faire prendre conscience aux bien-pensants.
Juliette
Je te découvre par ton commentaire et je trouve que tu écris fort bien. Je t’engage à continuer.
Ce que tu décris est arrivée à une amie. Elle avait transposé dans un très beau roman historique contemporain des ridicules de sa belle-famille. Evidemment, ils se sont reconnus. Son livre reste, et il est magnifique.
Amicalement
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Merci pour ton commentaire ! Oui c’est un peu difficile à encaisser… Cette obligation de devoir se justifier, presque s’excuser.. J’ai un peu de mal avec ça
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Écris et ne cesse jamais Juliette.
Les proches vivent parfois dans leur monde et ne veulent pas voir ce monde changer. C’est triste oui.
Mais tu dois être fière de toi de l’avoir écrit et d’avoir osé en parler. Tu as fait un sacré chemin, pas eux.
Il faut faire avec tout en ne se taisant pas.
Je t’embrasse bien fort
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Merci ma douce Marie 🙏🏻quelque part je m’en veux de me laisser fragiliser de la sorte
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C’est humain tu sais. Surtout quand on a mis ses tripes sur la table comme ça.
Ça me rappelle un texte écrit des années après ma première séparation. J’ai eu du mal à l’encaisser celle là et j’avais fait lire le manuscrit à mes 3 meilleures amies. Leur réaction avait été assez froide. Ça m’avait fichu un coup.
❤❤
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Oui ça met un sacré coup…
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Écris et ne cesse jamais Juliette.
Les proches vivent parfois dans leur monde et ne veulent pas voir ce monde changer. C’est triste oui.
Mais tu dois être fière de toi de l’avoir écrit et d’avoir osé en parler. Tu as fait un sacré chemin, pas eux.
Il faut faire avec tout en ne se taisant pas.
Je t’embrasse bien fort.
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Merci Marie, toujours la voix de la sagesse 💕
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