
Avec Gael, dans le huis-clos de cette petite maison, la relation se dégrade, jour après jour.
comme un verre en cristal que l’on voit tomber au ralenti…en visualisant déjà les débris épars au sol, sans pouvoir le rattraper.
D’ébriété en gueule de bois, de cris en bouderies, de reproches ouverts en silences désapprobateurs…
elle passe par toutes les nuances de l’arc-en-ciel, la tête ailleurs, l’esprit tourmenté, comme pris dans un manège infernal, bringuebalée entre l’envie de s’envoler de sa jolie cage qui semble s’être refermée sur elle et son sens de la loyauté vis à vis de celui qui l’avait sauvée d’elle-même d’une certaine manière.
Nelson…comme une bulle, un aparté, une respiration qui rythme chacune de ses heures diurnes.
Tous les jours, lorsqu’elle virevolte entre les tables, petite jupette et lèvres carmin, ou lorsqu’elle va s’allonger sur la plage pour faire dorer sa peau de miel, ce prénom la traverse comme une fulgurance qu’elle essaie de chasser d’un revers de main.
Elle essaie de se convaincre qu’il est un peu le grand frère qu’elle aurait aimé avoir, un confident, un ami…
qu’après tout, c’est normal de se manquer en amitié…
Elle refuse d’admettre qu’elle surveille le cadran des horloges et des montres, le coeur noué au bout du balancier.
chaque soir, lorsque le soleil se replie à l’horizon et que les étoiles se reflètent sur l’océan paré d’argent, elle prépare son cocktail sucré, attrape cigarettes et téléphone et s’installe sur la terrasse surplombant le jardin.
Une gorgée de son breuvage… ses yeux se ferment avec délice pour savourer le fracas des vagues contre les rochers au loin et les mouettes qui râlent.
Et puis, elle respire très fort, regarde son écran et compose le numéro planqué sur son portable sous un prénom féminin.
Jamais en retard, toujours présent pour décrocher… Juliette sait qu’il l’attend aussi, même s’ils ne l’ont jamais verbalisé.
Et toujours, redescendre sur terre, précipitamment pour éclater cette bulle hors du temps lorsqu’une voiture s’engouffre dans l’allée, dessiner un sourire et continuer à faire semblant que les nuages partiront un jour, que tout redeviendra comme avant.
Un après-midi, alors qu’elle s’affaire à débarrasser ses derniers vacanciers, elle sent dans son dos, un regard insistant la regarder intensement.
Intérieurement, elle invoque les cieux pour que ce ne soit pas un des ses clients venant encore la draguer, dans un sempiternel cliché estival, ou pire une nouvelle smala en quête d’un goûter de retour de plage.
Un regard vers le fond de la crêperie pour surveiller le chef et elle pivote sur ses talons, sourire commercial plaqué aux lèvres.
Mais…ce n’est pas ce qu’elle se résignait à voir qui se tient face à elle.
Nelson, appuyé négligemment sur le chambranle de la porte, lui sourit en coin, comme s’il était sûr de son effet.
Juliette chancelle, les yeux pétillants de toutes les étoiles de la galaxie.
Elle jette un dernier coup d’oeil à la salle désertée puis à l’horloge et détache ses longs cheveux retenus en chignon, dénoue son tablier, court le déposer à l’office, claque une bise sur la joue de Doudou le patron avant de s’envoler, vers celui qu’elle appelle encore « son amitié clandestine ».
On sent vraiment le besoin de s’échapper, sans rien brusquer toutefois.
J’aime aussi beaucoup les descriptions. On s’y sent bien et on a envie de continuer le chemin…
Belle journée Juliette
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Merci ma douce Marie ! 💖
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🙏💕
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Je viens de terminer un livre que j’ai beaucoup aimé.
Bravo à Juliette Norel.
une opinion, positive, sur une œuvre d’art, dans notre cas, une œuvre littéraire.
Félicitations.
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Merci infiniment pour ce joli commentaire 🌹
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