(suite de l’extrait en Podcast: Effluves de combat)
A bout de force, de larmes, repus de leurs sauvages étreintes sur la table de la cuisine et sur lit, transformés pour l’heure en champs de bataille, ils s’endorment, épuisés.
Quand ils émergent de la ouate brumeuse, l’aurore d’un dimanche gris perle perçant à travers les fenêtres nues, les corps se séparent brutalement, comme piqués par d’invisibles dards.
Chacun érige un nouveau rempart à mesure que le textile revêt sa propre enveloppe charnelle, comme on se drape de certitudes, au fur et à mesure…
Et les pourparlers reprennent, dans un interminable tango, où l’un et l’autre avancent ses arguments, les brodant de tendresse puis les envenimant d’épines, jusqu’au grand final.
Car dans le duel qui les oppose, un des danseurs doit plier et poser genou à terre…nécessairement…
pour continuer à faire danser un temps ce couple de carton, comme avant.
C’est Lui qui perd…
Il abdique et cède…sur tout..il renonce à lui dicter ses choix, accepte de prendre un appartement à St Nazaire pour qu’elle puisse aller au Lycée expérimental.
Il abandonne la robe blanche et les bottes en caoutchouc, dans ce qu’il voit probablement comme une ultime preuve d’amour…
On maquille, on dissimule les ressentiments… on joue à faire semblant que tout va bien, que rien n’a changé et ne changera jamais.
Juliette perçoit pourtant dans l’azur de ses yeux, comme un éclat métallique nouveau, une colère qui dort encore mais qu’un effleurement suffirait à embraser.
Elle sent son regard, presque glacial se poser sur elle furtivement, avec la régularité d’un métronome diabolique, dans une rancœur qui ne dit pas son nom, mais qui gronde, comme une tempête qui point à l’horizon…
Juliette ressens dans chacun de ses atomes que le vent a définitivement tourné ce fameux soir au bord de la route, dans une nouvelle crise de démence du chef d’orchestre, qui mène son Destin à la baguette…